Envoyer un message vocal sans grésillements, clair comme si l’on parlait en face à face ? Avec le RCS, cela deviendra bientôt une réalité. La GSMA, l’organisme chargé de la normalisation, vient d’annoncer l’arrivée du Profil Universel 3.1.
Derrière ce nom technique se cache une évolution de fond qui pourrait bien transformer notre façon d’échanger à l’oral par messagerie. Codec audio dernière génération, nouvelles mécaniques de connexion réseau, meilleure autonomie. Tour d’horizon de ces changements qui s’apprêtent à redéfinir la voix sur mobile.
Qu’est-ce que le RCS et pourquoi il remplace progressivement le SMS ?
Le RCS, ou Rich Communication Services, est le successeur moderne du SMS. Contrairement à ce dernier, il repose sur le protocole IP et offre une panoplie de fonctionnalités dignes des applications de messagerie actuelles : chat, transferts de fichiers, appels vidéo, envois de messages vocaux.
Il s’appuie sur l’IMS (IP Multimedia Subsystem), un socle technique qui permet de gérer toutes ces communications en s’adaptant au réseau disponible. Pour garantir l’interopérabilité entre les différents fabricants et opérateurs, la GSMA a introduit des profils dits universels. Chaque version de ces profils ajoute de nouvelles fonctionnalités.
Ce que change la version 3.1 pour les messages vocaux
Le Profil Universel 3.1 apporte des améliorations notables, en particulier pour les messages vocaux. Trois axes principaux se dégagent : un nouveau codec audio, une gestion réseau revisitée et des options de sécurité renforcées.
Le codec xHE-AAC : une révolution pour la qualité audio
Jusqu’ici, l’encodage des messages vocaux RCS reposait sur le codec AMR-WB, pensé pour la voix en haute définition mais limité dans sa capacité à restituer des sons complexes. Le passage à xHE-AAC marque une vraie rupture.
Ce codec, déjà utilisé dans le streaming (Netflix, YouTube), est capable de restituer une voix claire même à très bas débit. Il peut s’adapter dynamiquement à la qualité de la connexion, de 12 kbit/s à 500 kbit/s, sans compromettre l’expérience sonore.
Une lecture plus claire, même dans des conditions réseau difficiles
Le xHE-AAC, pour Extended High Efficiency AAC, combine des outils de codage conçus à la fois pour la voix et pour les flux audio complexes. Cela lui permet de couvrir une large plage de débits tout en préservant la qualité.
Comparé à l’AMR-WB et même à l’HE-AAC v2, le xHE-AAC surpasse largement ses concurrents. Il offre une largeur spectrale allant jusqu’à 20 000 Hz, une adaptation dynamique complète et une intelligibilité accrue, même à très faible bande passante. C’est un pas de géant pour la messagerie vocale sur mobile.
Les tests menés par la GSMA confirment d’ailleurs ces avancées. Un mémo vocal envoyé en 2G avec xHE-AAC reste parfaitement intelligible, sans perte dans les aigus ni artefacts désagréables.
Lors d’un concert, le codec permet une restitution stéréo fidèle à l’ambiance sonore. Dans les faits, la lecture des messages est plus naturelle et fluide, y compris avec une seule barre de réseau.
Une réception plus fiable grâce aux notifications push
Autre nouveauté : l’abandon de la connexion permanente à l’IMS. À la place, le système repose désormais sur des notifications push pour réveiller l’application lorsque des messages sont en attente.
Ce changement se traduit par une consommation d’énergie réduite, une meilleure fiabilité en cas de changement de réseau (Wi-Fi vers 4G ou inversement) et une disponibilité accrue sans sacrifier l’autonomie.
État de l’adoption
Le déploiement est déjà amorcé. Google Messages prévoit d’intégrer UP 3.1 dès la fin 2025, en phase bêta. Samsung, via One UI 7, devrait suivre dans la foulée. Apple, de son côté, est encore à la traîne avec un support limité au profil 2.4. La compatibilité avec UP 3.0 est espérée pour iOS 19.
Les freins à l’adoption
Certains terminaux plus anciens, notamment ceux tournant sous Android 11, ne recevront pas la mise à jour vers le noyau RCS compatible UP 3.1. Il en résultera un décalage de qualité dans les échanges vocaux, les anciens clients pouvant recevoir des messages en xHE-AAC mais y répondre en AMR-WB. Une asymétrie qui pourrait altérer l’expérience utilisateur.
Autre difficulté : les investissements nécessaires du côté des opérateurs. La mise à niveau des serveurs, l’intégration du nouveau format de stockage audio et la gestion des notifications push impliquent des coûts et un travail d’ingénierie conséquent.
Sources : 9to5google, Sammobile, GSMA